On se raconte souvent qu’être acteur.rice ou comédien.ne, c’est d’être perpétuellement en contact avec nos partenaires, avec le spectateur, en tout cas, que ce n’est pas un métier solitaire.
Mais qu’est-ce qui se passe quand je me retrouve face à moi-même ? Et qu’est-ce qui se passe quand je suis en présence réel d’un lieu ou d’une personne ? Qu’est-ce qui est alors stimulé en moi ?
Qu’est-ce qui au contraire ne me stimule pas dans le vide ? De quoi pourrait-il être plein ?
« Tourner devant un fond vert était la partie la plus misérable du tournage (…) Faire semblant d’être avec treize personnes alors que tu es en fait seul, ça pousse ta technique d’acteur dans ses retranchements. Alors j’ai craqué et je me suis mis à pleurer. »
Aurait affirmé, Ian McKellen, alias Gandalf.
En effet, le tournage l’obligeant à jouer seul, sans personne et sans décors, il a failli tout arrêter.
Dans notre quotidien, des fois, on a besoin de silence pour se faire entendre et le bavardage incessant de notre moi apeuré crée une interférence continue qui empêche la connexion avec notre Soi authentique. On pourrait se dire que « Vider le mental » est nécessaire pour ressentir le Plein en Soi.
Cela pourrait être la même chose au théâtre ou au cinéma. Peter Brook n’utilise pas de
« décor », au sens habituel du mot. C’est le théâtre tout entier qui va en tenir lieu.
Le vide est quelque chose dont on peut se nourrir.
Peter Brook tirait parti de toutes les possibilités de son théâtre, il joue avec lui comme d’un instrument auquel on fait rendre les sons les plus nouveaux et les plus inattendus. Ce lieu qui n’est « à chaque fois, ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre».
La peur du vide ne serait-elle pas liée à la peur d’être en face de soi ?
Pour 2023, oserez-vous le vide ?
Qu’est-ce que vous feriez, seul.e sur scène ou devant une caméra ?
Qu’aimeriez-vous dire ?