« On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve (premièrement car ce n’est pas le même fleuve, deuxièmement car nous ne sommes pas les mêmes) » Héraclite.
Cela signifie que, tout (y compris nous-même) est en perpétuel changement. Un fleuve, à première vue, semble le même, mais pourtant l’eau n’est jamais la même, elle s’est écoulée pour laisser place à une autre.
C’est pourquoi nous ne pouvons vivre deux fois la même chose.
Reportons cela au métier d’acteur, comment fait-on pour jouer plusieurs fois « le même rôle » ?
Faut-il arrêter ce changement constant (cela serait-ce seulement possible) ?
L’interprétation est-elle toujours la même, ou est-elle semblable à un cours d’eau, d’apparence identique mais pourtant différente ?
Au théâtre par exemple, chaque représentation est une occasion pour le comédien de « re-vivre » son jeu. Le comédien peut tous les soirs, suivre à nouveau ce qu’il se passe. a chaque représentation le renouveau est possible.
Au cinéma, ce même renouveau pourrait être plus intense encore, car entre deux prises à l’intervalle de quelques minutes à peine, tout peut arriver.
Au théâtre, le fait que le comédien puisse, le lendemain, modifier quelque chose qui s’est mal passé la veille, change le rapport à l’acteur par rapport au cinéma. lorsque le réalisateur dit « elle est bonne », il n’y a plus la possibilité de revivre la scène.
C’est cette qualité remarquable d’être présents, qui fait qu’ils sont toujours différents et en adéquation avec ce qu’il se passe dans l’instant.
La technique Meisner et la technique Chekhov en témoignent et poussent l’acteur, l’actrice, à « sortir de son mental » de manière à ce qu’il réagisse à son environnement dans l’ici et maintenant.
C’est une immense liberté.
Mais comment respecter son rôle tout en se réinventant moment à moment ?
Finalement, l’acteur a-t-il le pouvoir de réécrire l’histoire à chaque fois qu’il joue un rôle ?